Travailler pendant un congé maladie

Cet article a été publié il y a 15 ans. Son contenu est sans doute daté, tant sur la forme que sur le fond... Toutefois, cela n’empêche pas d'échanger à son propos. N'hésitez donc pas à vous exprimer en commentaires à la fin de l'article.

C’est la nouvelle du jour : le fait d’être malade n’empêcherait pas de travailler malgré tout ! Un comble, selon moi !

La proposition a été rejetée, mais il est incroyable qu’une telle idée ait seulement pu être évoquée : travailler pendant des congés maladie !

L’idée a été lancée par le député Frédéric Lefebvre ; surfant sur les technologies d’Internet, l’objectif était qu’un employé puisse continuer à travailler depuis chez lui via le « télétravail ». Ses principaux arguments sont la base de volontariat, et le fait que de nombreux salariés seraient ravi de pouvoir travailler plus pour gagner plus.

L’idée me semble proprement délirante. Pour commencer, qui voudrait gagner un peu plus au détriment de sa période de rétablissement ? Et quid de la qualité du travail effectué dans ces circonstances ? Le principe d’un congé maladie est bien de se reposer afin de guérir d’autant plus vite, non ?!

Mais le plus inquiétant est sans doute ces trois petits mots que l’on entend de plus en plus : « base de volontariat »…

Dans l’idéal, offrir de nombreuses options sur la base du volontariat est tout à fait louable ! On peut même considérer que c’est donner plus de libertés aux citoyens. Besoin d’un peu plus d’argent cette semaine ? Tu viens travailler dimanche. Tu es passionné par ton projet actuel ? Tu peux bucher dessus depuis chez toi, malgré les deux jambes dans le plâtre. Du temps libre ce soir ? Tu peux rester au boulot histoire de t’offrir le portable dernier cri à la fin du mois…

Malheureusement, la réalité est assez éloignée de cela. Je vais parler de ce que je connais, ayant travaillé chez un célèbre fournisseur d’accès à internet il n’y a pas si longtemps… Nous étions de nombreux étudiants à travailler en CDI-TP (CDI à temps partiel, soit 12h/semaine). L’été arrivant, une formation a été imposée à tout le monde, sous prétexte de déménagement de l’intégralité des locaux ainsi que d’une « montée en compétences ». A cela s’ajoutait 2 primes à l’issue de ladite formation. Les différents managers étaient très clair : la formation était obligatoire et incontournable. Petit détail : elle durait tout l’été, à raison de 35h/semaine ! A quelques exceptions près (dont j’ai fait partie à cause de mes études), tous les CDI-TP s’y sont pliés. Bien après coup, j’ai discuté avec un manager que je savais consciencieux et sympathique. Il a reconnu que la formation n’avait rien de légalement obligatoire, mais qu’eux-même avaient reçu des instructions pour nous mettre la pression… Édifiant ! Notez que tous les étudiants en question n’ont donc pas eu de vacances cet été là.

Je me suis un peu éloigné du sujet, mais tout ça pour dire que cette formation était légalement basée sur le volontariat ; pourtant, cet aspect a été complètement étouffé et celle-ci a au contraire été imposée !

Il y a donc deux gros risques à cette fameuse « base de volontariat ». Primo, le risque que le volontariat se multiplie, devenant ainsi une nouvelle norme, et obligeant les derniers irréductibles à s’y plier. Deuxio, le fait que le volontariat soit officiel, mais soit officieusement forcé par des pressions/mensonges/détournements (rayez la mention inutile).

Pour finir, sachez que la proposition de M. Lefebvre doit être reproposée…

Source : L’Express

Geek bordelais, féru de science, amoureux de technologies, mordu de SF, amateur de fantasy, épris de jeux en tous genre, adepte de réflexions diverses. Et j'aime le canard, aussi.

19 commentaires

  1. C’est tellement grotesque que cela en devient drôle. Travailler alors que tu es en congé maladie, congé pendant lequel tu es payé (peut être pas à 100% je ne connais pas trop la règlementation à ce niveau).

    Cette proposition est d’autant plus ridicule que cela ne concerne pas autant de gens qu’on le croit. En quoi un ouvrier du bâtiment pourra bosser de chez lui ? Et pour un pompier, un infirmière, un prof ???

    C’est tout bonnement dénué de sens sans même parler des différents points que tu mentionnes dans ton article.

  2. J’avais oublié de mettre la source dans mon article. C’est rectifié.

    Il est clair que c’est complètement grotesque !!!

    Pour le fait que les congés maladie sont payés, je crois que c’est au delà du 3eme jour (à vérifier), et j’imagine que c’est là-dessus qu’il voulait jouer…

    Par contre, je pense qu’il y aurait quand même beaucoup de monde qui pourraient être impacté : à partir du moment où tu fais un travail de bureau et/ou devant un ordinateur.

  3. Je ne suis pas d’accord avec toi quand tu dis qu’"à partir du moment où tu fais un travail de bureau et/ou devant un ordinateur", tu pourrais faire du télétravail. C’est beaucoup plus restrictif que ça : il faut un aussi que ce soit un travail dans lequel tu as une très grande autonomie. Certes, il y a le téléphone et les mails mais cela ne fait pas tout. C’est souvent beaucoup plus efficace de rassembler ses interlocuteurs autour d’une table et de discuter de vive voix, en s’appuyant éventuellement sur des schémas que l’on a sous les yeux plutôt qu’essayer de faire la même chose par téléphone.

    Dans mon cas par exemple, je me vois mal faire du télétravail. Tu imagines expliquer à un dessinateur par téléphone "alors tu vois la troisième vis à partir de la gauche un peu en haut au niveau la pièce en rouge sur la vue que tu m’as envoyé, il faudrait que tu la décales vers le fond." Quelle galère alors que c’est si simple de discuter directement devant la CAO.

  4. Cela pourra en surprendre plus d’un mais cela s’avèrerait compliqué également pour moi qui pourtant travaille dans l’informatique.

    Faire du télétravail implique d’avoir :
    – les outils chez soi (avec les problèmes de licences que cela peut poser)
    – accès aux fichiers de son entreprise ce qui est pas gagné quand tu es un grand groupe qui verrouille les accès à son réseau pour se protéger des virus informatiques
    – d’être accessible à tout moment et cela implique donner son numéro de téléphone perso au boulot sinon on est joignable que par email

  5. C’est vrai que j’ai peut-être un peu tendance à résonner comme un thésard. ^_^ Moi, à partir du moment où y’a internet (et encore), je peux bosser…

  6. Autant pour ce qui est des vacances ou des 35 heures je n’ai contre le fait de laisser la possibilité volontaire de travailler plus, tant que la qualité de "volontaire" est surveillée de près par les prud’hommes pour éviter des problèmes de pression, autant dans le cas de congé maladie c’est dénué de sens. En effet, même si bien sûr il y a des tricheurs partout, normalement on ne se pas en congé au moindre rhume, mais lorsque la maladie nous rend inapte au travail – où qu’on soit, parce que se déplacer jusqu’à son travail, ce n’est pas en général le plus dur pour un malade, par rapport aux tâches qui l’attendent une fois arrivé !

  7. De toute façon un tel système ne permet à aucun moment de lutter sur les gens qui abusent des arrêts maladie puisque c’est sur la base du volontariat.
    Une personne abusant du système ne va pas dire à son employeur qu’il est volontaire pour bosser…

  8. Perso, je pense à mon avis que dans l’idée, ce texte s’applique par exemple au gars qui s’est cassé la jamabe, et qui à part une jambe dans le platre et l’interdiction de sortir de chez lui pendant 2 semaines va bien.

    Mais je suis sûr aussi que ça pourrait gentiment déraper, surtout dans les petites entreprise. J’ai un pote, dans la petite boite où il travaillait avant, si il partait avant 19h, genre 18h par exemple, on lui demandait si il avait pris son après midi …

    et je suis tout à fait d’accord avec tharkun pour les problèmes
    – les outils, dont certains ne sont pas libres, licences,…
    – pour l’accès aux fichiers, ça il suffit que l’entreprise mette en place un VPN. c’est assez commun
    – le numéro de téléphone… si les gens commencent à prendre l’habitude de te téléphoner chez toi, et si en plus ils savent que tu as les outils pour bosser chez toi… c’est mal barré pour tes WE le jours où l’application que tu développe tombe sur un gros plantage XD

  9. Je vois que tout le monde et grosso modo d’accord. C’est rare ! 😀

    Cela dit, la proposition est tellement délirante que c’est pas vraiment étonnant…

  10. Je ne suis pas d’accord avec toi Lyr. Un VPN est une chose commune en effet. Cependant la mise en place à l’échelle d’une petite entreprise nécessite la présence d’un informaticien donc des coûts supplémentaires.

    A l’échelle d’un grand groupe cela s’avérerait très compliqué car un VPN donne accès à tout un réseau. Les ordinateurs des particuliers (en général infesté de virus) serait alors des portes d’entrées à des attaques informatiques lourdes.

    Mettre en place un VPN pour des très grands groupes n’est possible que pour un nombre limité de personnes, qui savent ce qu’ils font.

  11. Par rapport au projet de loi tel qu’il est écrit, je suis d’accord avec vous sur le fait que les patrons vont finir par faire pression sur les salariés en arrêt maladie pour qu’ils travaillent de chez eux.

    Mais sur l’idée de base je suis pour. Effectivement ça ne cible qu’une minorité de personnes, mais c’est déjà ça. J’ai un cas d’utilisation réel : La copine d’un cousin, qui étudiait la comptabilité en apprentissage, ne pouvait pas aller travailler car elle souffrait d’agoraphobie qui l’empêchait de prendre le train. Sa boite lui a permit de travailler chez elle et de renvoyer les documents par mail. Si elle n’avait pas eu cette solution, elle n’aurait pas pu valider son diplôme.

    Sur les modalités techniques, j’avoue qu’actuellement il n’y a pas de solution plug’n’play. Mais contrairement à ce que vous disiez, une grosse majorité des PME qui travaillent avec un SI (un vrai, pas 1 machine pour surfer sur le net) font appel à des informaticiens. Tous les cabinets de compta où a bossé ma mère y faisait appel. Après si le mec est pas compétent, il saura pas installer le VPN, mais ça j’y peux rien 😉

    Concernant le problème de communication, il existe d’autres solutions que le téléphone et le mail. Quand je travaillais à Angers, on pouvait établir une conférence téléphonique depuis l’importe quel poste. On pouvait également accéder à une salle de vidéo-conférence avec un grand écran, relié à son double à Paris, ce qui nous permettait de faire des réunions très conviviales sans se déplacer. Avec l’essort du haut débit, la visio-conf est de plus en plus accessible.

    Contre le problème de séparation pc pro/pc perso, on peut regarder du coté de la virtualisation, avec des solutions où l’environnement de travail de l’utilisateur est virtualisé, sur sa machine perso lorsqu’il est chez lui, sur sa machine pro au taf. Sans compter que de plus en plus d’applications sont en web, donc juste besoin d’un navigateur.

    Donc le télé-travail n’est qu’une question de volonté.

    Ceci dit, bosser de chez moi ne m’enchante pas plus que ça. Mon idée à moi serait de mettre en place des immeubles de bureaux multi-entreprises, présent dans toutes les villes, où les employés en télétravail viendraient tous les matins y prendre une place libre, et se connecteraient de ce bureau comme s’ils étaient dans leur entreprise. Imaginez avoir dans le bureau de gauche un comptable et dans celui de droite un infographiste 🙂

    PS : la question vérificatrice est fausse : Dark Vador est blanc et même s’il n’a rien contre les noirs 😉

  12. @Tharkun : en général, les entreprise qui peuvent faire du télétravail (donc sur ordinateurs) ont forcement un informaticien pour s’en occuper, ou font appel à des sociétés.

    Pour ce qui est de l’accès à tout un réseau, il suffit de configurer correctement le réseau de façon à limiter l’accès à ceux se connectent via un VPN.

    Pour les virus, ce qui se fait assez souvent, c’est de fournir aux employé qui font du télétravail un portable qu’ils ne devront utiliser que pour le boulot. (avec l’antivirus de la boite, le parefeu configuré pour ne permettre l’accès internet que via le VPN, etc etc).

    ensuite comme dit fufu, il y a la possibilité d’une machine virtuelle

    @fufu : l’exemple que tu donne n’est pas top je trouve fufu. Le télétravail existe déjà, après c’est juste une négociation entre l’employé et l’employeur. Et dans ton exemple, il ne s’agit pas d’une maladie, qui a une "courte" durée, mais plus d’une incapacité permanente, qui nécessite des arrangements permanents.

  13. @Lyr : En fait son agoraphobie s’est déclanchée sous forme de crise et il lui a fallu plusieurs mois pour reprendre le métro, mais c’est passé.

  14. Je suis en partie d’accord avec vous, mais pour utiliser un VPN il faut une adresse IP fixe pour permettre au pare feu de laisser passer uniquement certaines personnes autorisées.

    Or comme vous le savez, peu de personnes ont une IP fixe…

    On a beau cherché toutes les solutions, mettre des personnes travaillant ensemble à des endroits différents en terme de localisation est toujours problématique…

    Rien ne vaut le face à face.

  15. Je suis aussi sceptique sur l’utilisation d’un dispositif perso pour une utilisation pro, malgré la virtualisation…

    Au niveau hardware, cela reste un appareil perso. Comment une entreprise peut-elle prétendre à son utilisation pour son bénéfice ?!

  16. Pour l’IP fixe, ce n’est certes pas proposé par défaut par les FAI, mais il suffit de demander pour l’avoir, non ? Donc ça ne devrait pas poser problème à ce niveau-là.

    Le principal obstacle au télétravail, à mon avis, c’est comme je l’ai dit le fait que les gens qui travaillent ensemble sont plus efficaces quand ils sont physiquement à côté.
    Pour ce qui est de la video-conférence, ça marche très bien entre deux entreprises (ou 2 sites différents de la même boîte) par contre entre chez soi et sa boîte, ce n’est pas la même chose. De toute façon, il y a des tas de petites choses qui ne peuvent se faire que si les gens sont vraiment dans la même pièce : une personne qui griffonne un schéma et l’autre qui le corrige au fur et à mesure par exemple.

    Pour ce qui est d’utiliser une machine virtuelle pour le télétravail, je ne vois pas trop l’intérêt, en fait. D’ailleurs, à part pour les gens qui ont besoin de simuler plusieurs machines sur leur seul PC, je trouve que ce truc n’a vraiment que des inconvénients. Autant faire un multi-boot, c’est plus simple et plus propre. La meilleure solution pour les gens qui choisissent le télé-travail étant à mon avis que la boîte fournisse un PC portable.

  17. @Tharkun : Le but d’un VPN est de pouvoir acceder à un réseau interne depuis n’importe où, donc les parefeux correspondant coté entreprise ne filtre pas sur l’IP entrante, ce serait un non sens. En général on utilise plutôt une sécurisation par clefs.

    Je parlais du parefeu installé sur le portable prêté par l’entreprise. L’utilisateur ne doit pas avoir les droit administrateur, et le parefeu de cette machine n’autoriser que les connexions/receptions vers/depuis le point d’entré VPN de l’entreprise.

    De cette façon, c’est quasiment aussi sécurisé que si l’ordinateur se trouvait physiquement dans l’entreprise (sauf attaques type man-in-the-middle, mais voila quoi, une telle attaque sur une connexion chiffrée et sécurisé, c’est pas à la porté de tout le monde, loin de là !)

    Après je suis d’accord, rien ne vaut d’être au même endroit. Mais si ce n’est pas possible, un VPN bien pensé est tout à fait secure.

    @Eldermê : pour l’histoire du schema, c’est tout à fait possible, avec des application type tableau blanc, sortes de chat avec une partie "tableau blanc" ou tout le monde peut dessiner. Avec une bonne appli de ce type et une communication audio, on doit déjà pouvoir faire du bon boulot

    @Ekho : tu soulève un point intéressant. Je me demande en effet la légalité de demander à qqun de travailler avec son matos personnel.

  18. L’entreprise peut en effet fournir un ordinateur portable, mais dans ce cas, le coût d’achat est double car il faut que la personne est son ordinateur fix au bureau et en plus un ordinateur portable pour chez lui ?

    Je le vois ici avec les gens qui ont un portable (et non un fix) prêté par la boite. Ils rament, ils manquent de puissance…

    On pourrait toujours dire que lorsque la personne est déclaré en arrêt maladie, l’entreprise pourrait lui prêter un ordinateur configuré tel qu’en parle Lyr, mais comment s’opère le transfert de l’ordinateur ? Qui va le chercher ? Certainement pas la personne malade qui aurait une jambe cassée…

    Toutes les solutions proposées tendent à pallier au problème de non proximité des personnes les unes par rapport aux autres. Seulement on s’aperçoit très vite que le contact et la discussion est indispensable pour travailler.

    Qu’est-ce que fait un informaticien lorsqu’il se pose une question ou qu’il est bloqué ? Il demande au collègue d’à côté s’il a pas une solution. Si vous êtes chez vous vous n’avez pas cette solution rapide car pour demander on serait obliger d’envoyer un email ou de téléphoner…

    Et puis qui voudrait d’un boulot où vous n’avez plus aucun contact avec ces collègues…

  19. "Je le vois ici avec les gens qui ont un portable (et non un fix) prêté par la boite. Ils rament, ils manquent de puissance…"
    Ca peut aussi être valable pour les PC fixes… 😉

    @Lyr : c’était juste un exemple pour illustrer que c’était _nécessairement_ plus efficace lorsque l’on est vraiment avec les gens. D’ailleurs même avec ton appli, ce sera forcément moins spontanée que sur du papier (même avec une tablette graphique, gribouiller un schéma directement sur l’ordinateur est moins facile que sur papier).

Répondre à Lyr

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

The maximum upload file size: 10 Mo. You can upload: image, document, spreadsheet, text, archive. Drop files here

Post comment