L’invasion des immortelles

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Cet article a été publié il y a 13 ans. Son contenu est sans doute daté, tant sur la forme que sur le fond... Toutefois, cela n’empêche pas d'échanger à son propos. N'hésitez donc pas à vous exprimer en commentaires à la fin de l'article.

La Turritopsis nutricula est une minuscule méduse de 5mm en moyenne. Originaire de la mer des Caraïbes, cet animal marin est en train de coloniser doucement et silencieusement l’ensemble des océans de la planète, si bien que de nombreux biologistes marins la surveillent de près.


© Maxiscience

Quel est donc le secret de cette méduse ? Rien de moins que… l’immortalité ! Du moins virtuellement.

En effet, cet animal est capable d’inverser son processus de développement cellulaire, redevenant « jeune » (reconnaissable à ses 8 tentacules) après avoir été sexuellement mature (dix fois plus d’appendices). Après quoi, il peut se remettre à évoluer normalement, et ainsi de suite, devenant ainsi le seul être vivant connu potentiellement immortel.


© National Geographic

Le mécanisme permettant de revenir à sa forme juvénile se nomme « transdifférenciation ». Il faut savoir que le développement des cellules d’un être vivant passe par le développement de cellules souches qui, en se spécialisant, peuvent remplir n’importe quelle fonction dans l’organisme. Quand cela devient nécessaire, la cellule souche se différencie en devenant une cellule destinée à un but précis (cellule musculaire, sanguine, osseuse, gamète, etc.). Chez l’être humain, le foetus dispose de nombreuses cellules souches, tandis que l’adulte en a très peu. Naturellement, une fois qu’une cellule est différenciée, elle ne peut plus revenir en arrière… sauf dans des cas particuliers, tels que la Turritopsis nutricula. La transdifférenciation est donc la capacité d’une cellule différenciée à redevenir une cellule souche, pour ensuite se re-différencier de manière similaire ou différente.

Notons que si d’autres être vivants utilisent le mécanisme de transdifférenciation de manière limitée (la salamandre en régénérant ses membres, par exemple), cette méduse l’applique à tout son corps, passant ainsi du stade de sénescence (adulte) au stade de polype (première étape de la vie).

Ce mécanisme a de quoi laisser songeur.

Sources :
Maxiscience
Dinosoria
National Geographic
Wikipedia
APON

Geek bordelais, féru de science, amoureux de technologies, mordu de SF, amateur de fantasy, épris de jeux en tous genre, adepte de réflexions diverses. Et j'aime le canard, aussi.

17 commentaires

  1. Même sans savoir si les scientifiques vont en tirer quelque chose, le concept est intéressant.
    En général, les immortels des séries TV ou des films restent toujours les mêmes, à l’âge adulte. L’immortalité cyclique, ça apporte plus de potentiel à l’histoire : comment se passerait une nouvelle jeunesse, avec l’expérience de toute une vie ?

  2. C’est vrai que dans le fiction, l’immortalité est rarement traitée de façon cyclique (sauf les histoire fantastiques ayant trait à la réincarnation, mais ça reste très spécial).

    Ceci étant, je doute que les humains parviennent à développer ce genre de mécanisme cellulaire…

    Car sauf erreur, ces méduses doivent rajeunir aussi leur cerveaux, ce qui impliquerait certainement une perte de mémoire (souvenirs, mais aussi comportements sociaux et même maitrise de son propre corps).

  3. Euh, quel rapport avec l’immortalité ?

    Ce n’est pas la différentiation en soi qui cause la sénescence, mais le vieillissement nucléaire : en effet, l’ADN, comme toute macromolécule, s’use à force de se dupliquer, et les capacités régénératrices internes des cellules ne sont pas fiables à 100%. Du coup, la programmation de mort cellulaire (via un « compte-à-rebours » biologique qu’est l’érosion des télomères dans les cellules somatiques) est un mécanisme de prévention de la dégénérescence par mutation (et des cancers par exemple) qu’on retrouve chez les organismes les plus complexes.

    C’est pour cela qu’a contrario les gamètes sont créées directement à partir de cellules souches originelles (relativement peu de duplication) et non à partir d’un tissu différencié qui passe son temps à s’auto-régénérer, et c’est à cause de cela qu’un clone fait à partir d’un adulte n’aura pas l’espérance de vie d’un nouveau-né, mais mais « ce qu’il restait à vivre » à son original.

    Ce qui veut dire que la transdifférenciation est un phénomène biologiquement risqué, sans doute acceptable pour une méduse, mais moins pour des organismes plus complexes…

  4. En clair : si on faisait la même chose que ces méduses, on finirait tout boursoufflé de cancer partout, et la mort programmé est notre façon de nous en prémunir.

    D’un autre coté, le cancer, ou du moins la mutation de cellules est peut être un facteur important de la survie de l’espèce à long terme, notamment par le coté évolution de l’espèce.

    Théoriquement, si on supprimait le cancer, la mort programmée et que l’on avait la capacité à créer de façon continue des cellules souches (voir des cellules spécialisées directement), un être humain devrait se stabiliser, au niveau physique, vers les 17-18 ans, il me semble. Après, on commence doucement à mourir 😉
    Par contre il faudrait se stériliser ou se maitriser, car bon, ça pose des problèmes aussi, l’immortalité ^_^

    (Je tiens à préciser que j’ai lu récemment « le grand secret » de Barjavel, ou l’on découvre justement un « virus d’immortalité », et qu’il se révèle contagieux ! Les quelques contaminés sont parqués dans une île d’où ils essaient de construire la « nouvelle humanité ». Je n’en dit pas plus ^_^)

  5. @ DarkPara:

    Intervention très interessante, mon cher Dark Para. Comme souvent.

    Je suis 100% d’accord avec toi, mais l’un n’empêche pas nécessairement l’autre.

    La mort cellulaire par « épuisement de l’ADN » (si tu me permet cette métaphore) est peut-être elle-même programmée dans le code génétique (j’avais lu quelque chose là-dessus, je ne sais plus où). En d’autres termes, le retour à une forme de cellule souche pour ces méduses peut s’accompagner d’un rallongement des télomères.

    Cette idée serait renforcée par le fait que la définition du stade de « senescence » est précisément liée au raccourcissement des télomères. Si la transdifférenciation permet à cet animal de venir au stade « juvénile », cela signifie par définition (a priori) que ces télomères ont de nouveau une longueur correspondant à ce stade…

    @ Lyr:

    Le « Grand secret », c’est moi qui te l’avais conseillé, non ? Phrase mythique : « J’ai acquis l’immortalité… et elle est contagieuse ! »

    Pour en revenir au vieillissement cellulaire, il est clair que c’est un facteur de survie globale de l’espèce (par survie de son écosystème) en empêchant son explosion démographique (ce n’est pas le seul facteur, les prédateurs en sont un autre). Et c’est d’ailleurs le problème posé par ces méduses immortelles.

  6. Lyr et Ekho : il y a aussi Les Intermittences de la mort, de José Saramago, qui décrit un pays dont les habitants cessent soudain de mourir. C’est drôle et super bien écrit.

  7. Lyr a écrit :

    D’un autre coté, le cancer, ou du moins la mutation de cellules est peut être un facteur important de la survie de l’espèce à long terme, notamment par le coté évolution de l’espèce.

    En fait, non. Enfin, seulement dans des conditions précises. Parce que le propre d’un organisme pluricellulaire, c’est qu’il reste un seul et unique organisme, un tout dont les parties ne sont pas des monades. Or du coup, une mutation n’est « intéressante » sur le plan évolutionniste que si elle touche l’ensemble du corps ; or une mutation somatique n’est pas comme un virus informatique modifiant instantanément le code source d’un programme, elle reste limitée à une cellule, et même si celle-ci métastase, c’est rarement une bonne chose pour l’organisme… Pour faire une analogie pas forcément des plus fines, tu peux très bien remplacer le système de direction de ta voiture par un gouvernail d’avion, mais il n’est pas sur que ta voiture y gagne…
    D’autant plus qu’une mutation somatique ne se transmet de toute façon pas à la descendance, alors de toute façon, même en imaginant qu’elle bénéficie à l’individu, sur le long terme, ça ne mène pas bien loin…

    C’est pour cela que les seules mutations potentiellement intéressantes sont les mutations intergénérationnelles – or, les choses sont bien faites, justement les cellules germinales ne sont concernées par le mécanisme de sénescence.

    Car, et maintenant je réponds aussi à Ekho, le phénomène de sénescence cellulaire est en effet bien programmé dans le code génétique et parfaitement normal, ce n’est pas une érosion accidentelle de l’adn, preuve en est qu’on ne le trouve que dans les organismes les plus complexes, et encore, pas dans l’intégralité de ses cellules.
    Du coup, il n’est même pas sûr en fait que les méduses – dont je méconnais, je l’avoue, la place exacte dans la classification du vivant – soient dotées de ce mécanisme, et, effectivement, dans ce cas il y a peut-être réellement « immortalité ». Après tout, le principe de développement cyclique existe dans le cas de bon nombre de bactéries ou de virus (voir par exemple le cas du paludisme)…

  8. Je confirme ce que dis Dark Para : les mutation ne sont effectivement intéressantes pour l’espèce que dans la globalité. Une mutation qui apparait sur un individu est très rarement transmise à sa descendance. En revanche, les gamètes sont parfois soumises à mutation : c’est le principe de la sélection naturelle. Une nouvelle caractéristiques apparait parfois de « nulle part », et peut s’avérer être un avantage notable suivant le milieu, garantissant la survie de ceux qui en sont dotés, et faisant ainsi évoluer l’espère sur le long terme…

    Ceci étant, moi, je vois le cancer et la dégénérescence des cellules comme une sorte de verrou de sécurité, empéchant sur espèces de se développer sans limite… Le monde est bien fait (d’un point de vue purement biologique, bien sûr).

  9. Lyr a écrit :

    (Je tiens à préciser que j’ai lu récemment « le grand secret » de Barjavel, ou l’on découvre justement un « virus d’immortalité », et qu’il se révèle contagieux ! Les quelques contaminés sont parqués dans une île d’où ils essaient de construire la « nouvelle humanité ». Je n’en dit pas plus ^_^)

    Et La Nuit des Temps, tu l’as lu ? =D

  10. Bien sûr que je l’ai lu ^_^ Un de mes livres préférés.

    Si j’ai bien aimé « Le grand secret » pour son originalité, j’ai été assez déçu de la façon dont il a été traité, à avis de façon trop « cliché » (opposition ado//adulte par exemple), et en passant sur de nombreux autres aspects dont on ne parle même pas ! Mais bon, j’ai quand même passé un bon moment à le lire.

    Sinon, si vous cherchez de l’originalité, je vous recommande Van Vogt. Ce n’est pas un écrivain de génie qui vous scotche à votre livre, mais mon dieu, quelle imagination !

    Didine, tu me rejoins sur ce point ?

  11. Ca fait longtemps que j’ai lu le « Grand secret ». J’avais bien aimé, même s’il n’arrivait pas au niveau de la « Nuit des Temps ».

    Qu’est-ce qu’il fait de beau, Van Vogt ?!

  12. Oula, c’est très divers !

    Il y a le cylce du non A, qui suit un courant philosophique de pensée proche de l’anarchisme parfait (c’est à dire que les hommes deviennent suffisamment intelligent pour ne plus avoir besoin de règles), face aux attaques d’un empire galactique

    Rencontre cosmique, qui va se faire se mêler une femme de 1704, des extraterrestres, un petit garçon du future,…

    La faune de l’espace, montre les hommes d’un vaisseaux en proie à des luttes internes, et face à différentes créatures totalement exotiques. Heureusement, parmi l’équipage se trouve un nexaliste, un nouveau courant scientifique qui vise à l’unification de toutes les sciences, mais qui a bien du mal à se faire accepter. Van Vogt a même accusé Alien d’avoir copier son livre, même si le livre de Van Vogt n’est pas du tout dans le genre horreur.

    Les armureries d’Isher, nous montre un homme catapulté dans le temps, en avant, en arrière, de plus en plus loin à chaque fois, comme un phénomène oscillatoire en résonance.

    Et d’autres encore, tous différents !

    D’après wikipedia :

    Van Vogt est considéré comme un génie sans talent littéraire et un auteur à idées. Lui-même se voyait comme un technicien de l’écriture et a, toute sa vie, cherché de nouvelles méthodes pour atteindre une perfection technique qui devait lui assurer le succès. Les thèmes favoris de son œuvre en science-fiction sont : l’immortalité, la lutte de l’homo sapiens contre le surhomme et l’omnipotence du savoir philosophique

    J’espère que je t’ai un peu alléché !

  13. @ JPeG:

    J’imagine ! Effectivement, j’ai déjà visionné des documentaires plutôt bien faits sur le sujet… Très interessant (bien que pas du tout mon domaine) !

    @ Lyr:

    Non, pas à ma connaissance. Comme tous les êtres pluricellulaires, les arbres vieillissent et meurrent.

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