Tap : Max’s game

Cet article a été publié il y a 12 ans. Son contenu est sans doute daté, tant sur la forme que sur le fond... Toutefois, cela n’empêche pas d'échanger à son propos. N'hésitez donc pas à vous exprimer en commentaires à la fin de l'article.

Il y a quelques mois, la communauté internationnale de Magic a vu arriver un véritable OVNI dans son périmètre (et je crains pour son auteur que cette chose soit effectivement restée en périphérie). L’objet en question n’était rien de moins qu’un film sur Magic ! Attention, n’allez pas imaginer qu’il s’agisse d’une super-production américaine d’héroic-fantasy racontant les guerres interplanaires menées par des arpenteurs aux pouvoirs colossaux. Non, non ! Il s’agit d’un petit film intimiste sur les joueurs, réalisés par un fan tchèque dans un contexte certainement semi-professionnel.

Sans plus attendre, voici la bande-annonce de l’OVNI en question, j’ai nommé Tap : Max’s game.

Lire la vidéo

En finissant ce film, je me suis fais l’observation suivante… En fait, pour se donner un avis sur un film, on le compare généralement… à l’idée qu’on s’en faisait avant de le voir ! Si le film est en dessous, on est déçu. S’il est au dessus, on est satisfait. S’il est surprenant, on est (agréablement ou pas) surpris… Mais qu’en est-il d’un film qui correspond tout à fait à l’idée qu’on s’en faisait (en bien comme en mal) ?!

C’est exactement l’effet que m’a fait ce Tap : Max’s game ! Alors, difficile de lui donner un jugement de valeur. Comme prévu, le budget est limité ; le son en est un peu « brut de fonderie », et les images sont assez inégales (belles pour la plupart, bien cadrées, mais plus ou moins floues/pixélisées, surtout les images sombres ou de nuit). Les acteurs sont moyens. J’ignore s’il s’agit de pros, ou d’amateurs ; ils ne sont pas fondamentalement mauvais, mais le personnage principal (notament) est assez peu expressif. D’ailleurs, tant qu’on est à parler des personnages, voyons rapidement de quoi il s’agit :

  • Karel (Blue 1 ) : Personnage principal, étudiant, il est profondément nostalgique de sa période de lycée, durant laquelle il jouait régulièrement à Magic (et même en tant que « pro ») avec ses 4 potes :
  • Tom (Green) : Jovial, doyen de la bande et garant de leurs « traditions de lycéens », Magic lui manque aussi et il propose à Blue de s’y remettre avec son frère…
  • …Joe (Red) : Sympa, impulsif, il laisse facilement parler ses émotions, et a un coté un peu « racaille » et facilement bagarreur ;
  • Martin (White) : Philosophe de la bande, c’est aussi celui qui s’est le plus facilement « réintégré » dans le monde réel (i.e. hors du monde des joueurs de Magic) : il joue dans un groupe et a une copine ;
  • Max (Black) : A l’insu des 4 autres, il n’a jamais arrêté Magic, et est devenu l’un des meilleur joueur du pays après avoir « abandonné » ceux qui le tiraient vers le bas.

Avec cette présentation des personnages, vous aurez deviné le scénario du film : anciens joueurs de Magic, plusieurs amis reforment leur équipe d’autrefois et se remettent à jouer en souvenir du bon vieux temps. Cela les mènera jusqu’au championnat national, chemin toutefois assombri par une rivalité de fond avec celui qui fut jadis l’un des leurs.

Vous l’avez compris, le réalisateur (Kamil Beer, de son p’tit nom) a pris le parti évident, mais pas pour autant facile, d’associer une couleur 2 de Magic à chacun de ses cinq personnages. Cela aurait pu en faire des caricatures, mais c’est finalement fait avec une finesse plutôt agréable. White est discret, et semble avoir un recul net par rapport aux autres personnages. Green est un peu le pilier de la bande, la force Tranquille. Red semble le plus jeune ; il est impulsif, mais pas outre mesure. Black pourrait être le plus caricatural du lot, mais finalement, sa relative faible présence à l’écran lui donne aussi une aura de recul, un peu à l’inverse de White. Au final, c’est Blue, le personnage principal, qui est peut-être le moins intéressant. Peut-être parce qu’il est le narrateur, qu’on entend ses pensées, et qu’il a un peu trop tendance à psychoter sur son passé de joueur…?

En tant que joueur de Magic ayant arrété et repris à plusieurs reprises, j’ai énormément apprécié cette retranscription du quotidien d’un (ancien) joueur (même si je n’ai jamais eu ni la volonté, ni la prétention, d’être « pro »). L’identification est assez aisée, et même si le film ne tient pas vraiment en haleine (la fin est un poil ultra prévisible), cette ambiance permet une immersion très réussie pour ma part.

On retrouve des éléments bien connus des joueurs, notament :

  • La boutique 3 dans laquelle on se retrouve pour jouer régulièrement : Fireball, Black Fortress, Dragon doré… Pour ma part, ça a été pendant longtemps « Armes de Légende », à Bègles (près de Bordeaux).
  • Son tenancier, qui garde toujours un certain recul et reste neutre vis à vis des différents joueurs qui peuvent s’affronter dans son établissement (c’est mieux pour le business).
  • Les énormes classeurs débordants de cartes, permettant échanges et ventes entre joueurs.
  • L’excitation lorsqu’un ami se pointe avec un booster scellé : tout le monde abandonne ce qu’il est en train de faire pour regarder avec avidité l’ouverture du précieux sachet.
  • Les moments de doute lors de la constitution d’un scellé lors d’un Draft.
  • Les problématiques qui apparaissent entre « vie personnelle » et « vie de joueur » : problème financiers, petites amies, autres groupes de copains… Ces thématiques sont cependant à peine éfleurées dans le film (notament via le personnage de White), et auraient gagné à être approfondi.
  • Les souvenirs nostalgiques gardé des précédentes périodes de jeux (collège, lycée…)
  • Et bien sûr, les grands stéréotypes de joueurs que l’on rencontre dans cet univers…

…Le film en aborde quelques uns. On a bien sûr les personnages principaux, joueurs au bon esprit, quoi que assez orientés « pros ». On croise les arbitres (qui sont des joueurs ayant passé une certification pour arbitrer lors de tournois officiels). On a le joueur « connu » sur les forums internet est ultra-chiant sur les détails, jusqu’à la manière de mélanger les decks. Il y a aussi l’adversaire sympa avec lequel on peut plaisanter malgrès le contexte du tournois (personnage que Green affronte en demi-finale), et inversement l’adversaire pénible et à fond dans la compétition au détriment du fun (le personnage de Black). On évoque aussi les « pimpins » : joueurs novices à Magic, qui ne rêvent que de créatures 8/8. Mais d’autres stéréotypes auraient pu être ajoutés : celui qui connait toutes les règles par coeur, celui qui joue exclusivement en casual avec des decks venus de l’espace et des variantes diverses, celui qui joue depuis la première édition et qui rabache en boucle le bon vieux temps, celui qui achète/vend de manière frénétique, celui qui connait un milliard de petits détais croustillant sur Magic, celui qui connait la storyline par coeur, etc…

Petite annotation personnelle finale sur ce film : la bande originale du film est très honnorable, avec des morceaux que je qualifierais de « à la Smallville », soit des chansons lentes et mélancoliques.

Pour finir, Tap : Max’s game est un film très « personnel » et très « ciblé » malgrè une vocation affichée de viser plus large. Pour ma part, j’ai passé un moment plutôt bon, bien que le film soit exactement ce à quoi je m’attendais, ce qui m’empèche d’y mettre vraiment un jugement de valeur, comme indiqué plus haut.

Voici le site officiel, sachez que le film y est téléchargeable gratuitement en version originale (Tchèque, donc), mais des sous-titres français sont disponibles :
http://maxovahra.com/?lang=en

  1. Je propose de les nommer par leur couleur par la suite, ce sera plus simple.[]
  2. Blanc, bleu, rouge, vert, noir : chacune ayant des symboliques, respectivement (et pour simplifier) la droiture chevaleresque, l’intelligence complexe, la passion dévorante, la nature forte et l’ambition démesurée.[]
  3. D’ailleurs, il semble qu’à Prague, ils aient des boutiques immenses !!![]

Geek bordelais, féru de science, amoureux de technologies, mordu de SF, amateur de fantasy, épris de jeux en tous genre, adepte de réflexions diverses. Et j'aime le canard, aussi.

11 commentaires

  1. Ben dis donc, note 2, on voit quelles couleurs tu préfères… ^^

    Rejoue donc à The Dark : blanc = inquisition intransigeante, bleu = monstres marins, vert = bandits de grand chemin…

  2. De toute façon, chaque couleur est censé avoir des bons coté et des mauvais coté, plus ou moins accentués

    Typiquement, le blanc et le noir sont à l’opposé et les plus accentués(les bons coté du blanc sont plus accentué que ses mauvais coté, et vice-versa pour le noir)
    Ensuite on a le vert et le rouge, qui sont relativement neutre, avec tout de même un coté « créatif » plus accentué chez le vert, contre un coté « destructif » plus mis en avant chez le rouge.
    Enfin, le bleu est au milieu, parfaitement neutre entre l’intelligence/soif de connaissance et la ruse sournoise.

    Enfin, je trouve que le noir est la couleur la plus déséquilibré dans tout ça, on peine à lui trouver des cartes exprimant son « bon » coté (alors que comme le fait remarquer DarkPara, ça se trouve plus facilement en blanc)

  3. @ DarkPara:

    Tu trouves ? Pourtant, j’ai essayé d’être la plus « neutre » possible sans jugement de valeur. Cela dit, et comme dit Lyr, c’est pas évident de trouver du « bon » dans le noir, et donc de rester neutre…

    Après, the Dark est une extension un peu particulière dans Magic : elle met en avant les cotés sombres de chaque couleur. Et réciproquement pour Lorwyn, d’une certaine manière.

    @ Lyr:

    Il faut vraiment le prendre comme tel : une curiosité.

    @ Lyr:

    Tient ! Ca serait quoi les « bons » cotés du noir…?

    L’accomplissement ? De soi, de ses objectifs…?

    La mise en avant du collectif au détriment de l’individuel ? (Sacrifices, pertes de points de vie en vue d’un but supérieur…) Je crois que c’est un peu l’idée mise en avant par Phyrexia (old & new).

    Vraiment pas évident !

  4. @ Ekho :
    @ Lyr :

    Effectivement, la question est loin d’être évidente.

    Si on regarde dans les premières éditions, on voit que le noir regroupe beaucoup de solitaires, de bannis, d’incompris, de victimes cherchant la vengeance, etc. : en gros le noir est la couleur la plus mauvaise, mais pas nécessairement par volonté, plutôt parce que les autres couleur l’ont rendue telle. Ils sont méchants parce qu’on ne les a pas laissés être autre chose.
    Le fait est que le noir est un peu le dépotoir général des autres couleurs : comme vous l’avez dit chaque couleur a ses bons et mauvais côtés, et lorsque la balance penche trop vers la corruption ça devient une bicolore x/noire. Plus récemment le couple Lorwyn-Sombrelande le montre bien : dans Lorwyn le noir était loin d’être le pire (cf. les elfes racistes, les sangamis communautaristes, etc.), alors qu’au contraire dès que le noir gagne en importance (ici à cause d’un cataclysme cyclique), tout le monde se remet en question, et certains atteignent même la rédemption (les elfes).

  5. Les bons côtés du noir sont pourtant évidents :O :
    – ressusciter ses amis pour vivre heureux pour toujours
    – la vie éternelle pour vivre heureux pour toujours
    – la classe du vampire pour vivre heureux à travers tous les âges
    – une patience angélique (le temps de ressusciter tout le monde ou de préparer la prochaine invasion de Yaugzebul)
    – le goût Du SaNG, LE pLaiSIr De LA DESTRUCTION, L’AMOUR DE LA MORT, LA SOIF DE VENGEANCE, L’HUMILIATION TOTALE !! L’EXTASE DE GLISSER LE DESESPOIR DANS LE COEUR DE SES ENNEMIS !!!!!

  6. Le film est-il regardable (compréhensible) si on ne joue pas à Magic ? J’avais fait quelques parties avec Yannick, mais bon, mes connaissances sont limitées.

    Je me posais une question : est-ce que toutes les couleurs sont également jouées dans la communauté Magic, ou est-ce que globalement il y a des couleurs plus jouées que d’autres ?

  7. @Eldermê
    Également jouées, peut être pas. En particulier, le bleu est en général plus joué que les autres couleurs. Mais globalement, toutes les couleurs sont jouées, oui.

    Le bleu pour la pioche, l’évasion et les contre
    Le blanc pour la destruction (étonnament, le blanc est la meilleur couleur pour ça), les bonnes petites créatures, la protection
    Le vert pour le ramp (avoir plus de mana plus vite), les bonnes/grosses créatures
    Le noir pour la défausse, les bonnes créatures, la destruction
    Le jour pour les dégats

    A la limite, le parent pauvre, le moins représenté, c’est le rouge. Il excelle pour gérer les artefact (mais pas plus que le blanc et le vert, finalement) mais n’a littéralement rien contre les enchantements (et certains enchantement font perdre si pas gérés). Il n’a aussi aucun moyen de piocher. Ses créatures ne sont pas aussi bien que celles du blanc pour les petites, ou celles du vert pour les moyennes/grosses. Son seul gros avantage, ce sont ses dégats direct, dont il a plus ou moins l’exclusivité : des sort qui peuvent soit détruire des créatures, soit attaquer les points de vie d’un joueur.
    Sauf dans des jeu spécifiques (gobelin), il est donc souvent utilisé en couleur de soutien, pour les dégats direct. Du coup, il s’associe mal au bleu, qui est lui aussi une couleur de soutien. On le voit le plus souvent avec le vert ou le blanc, parfois le noir.

    Mais pour conclure, globalement, chaque couleur est jouée

  8. @ Eldermê:

    Au sujet du film, je dirai : ni plus ni moins qu’un film hollywoodien sur le poker ou le baseball. Il y a plusieurs occurrences de termes techniques ou de règles non expliquées / explicitées, mais de toute façon les parties sont montrées trop rapidement pour que même un joueur lambda puisse suivre : on a en général le premier tour et le dernier.

    @ tous :

    Sinon, la fin n’est pas si prévisible que ça ! Enfin, l’épilogue, si, bien sûr, mais le dernier acte aurait pu y mener différemment. Par contre il y a un gros problème de rythme : si les parties en elles-même sont survolées, les scènes de dialogues sont leeeeentes ! 5 minutes pour dire salut à un pote sur un quai de métro ?!? Le personnage principal est pire que pas expressif : il est mou.

    Concernant la photo, c’est vrai qu’un petit étalonnage ferait pas de mal, mais bon pour du semi-pro j’ai vu bien pire, notamment en terme de bruit ; et tant que l’exposition est suffisamment passable pour qu’on distingue ce que l’on veut voir, ça passe.

  9. @ DarkPara:

    C’est vrai que le noir regroupe un peu les mauvais cotés des autres couleurs. En noir, on retrouve facilement de la pioche (bleu), des boosts et des grosses créatures (vert), des dégats directs (rouge), des créatures rapides et de la gestion (blanc) ! Par contre, c’est généralement à un prix notable (sacrifice, don de PV…).

    @ Thörist:

    Sinon, comme disait Para, c’est aussi la couleurs des oprimé et des parias. Je me faisais la réflexion que c’est aussi la couleur de la discrétion et des savoirs cachés, ainsi que des serviteurs dociles et impersonnels (ça rejoint mon idée de la communauté avant l’individu).

    @ Eldermê:

    Comme l’indique PAra (toujours), il est regardable d’un point de vue compréhension… Après, du point de vue de l’interet, je n’en suis pas aussi sûr.

    @ Lyr:

    Pas mieux ! 🙂

    @ DarkPara:

    Ah ! Ca sent celui qui a regardé le film ! 😀

    *** SPOILERS ***

    Tu veux dire qu’il n’était pas certain que Green gagnerait la championnat ? C’est vrai, mais pour moi, la fin c’est surtout les retrouvailles des 5. C’est plus que l’épiloque, à mon avis.

    A l’inverse, je craignais un happy end en rapport avec leur ancien club (le Fireball, dont ils parlent pendant les 3/4 du film), mais ils l’ont évité, et c’est bien joué.

    J’avoue effectivement que certains dialogues sont lents sans rien apporter.

  10. @ Ekho:

    *** HUGE SPOILERS ***

    Le peu qu’on sait de la psychologie de Max, c’est qu’à la dissolution de l’ancien club, il a cru devoir choisir exclusivement entre ses amis et MTG : pour eux MTG n’étaient le but en soi de leur association, mais le prétexte à leur amitié, et donc une fois le club fermé, eu lieu de chercher un autre club, ils se détournaient du jeu un à un. Lui a choisi MTG (au contraire de Blanc qui, accusant MTG de tous les maux – et notamment de le ruiner financièrement, ce qui est indéniable – a fait un rejet sur le coup).
    Or, le fait que deux sur quatre des semi-finalistes soient deux de ses anciens potes prouve que, niveau technique, pas de soucis à se faire, ils ne risquent pas de l’handicaper à MTG. En le vainquant, Bleu déconstruisait toute la logique qui avait conduit Noir a se sentir trahi et acculé au choix, et lui permettait de réviser ce choix.
    Or non : bizarrement, l’argument qui le fait fléchir, ce n’est pas « l’amitié n’entrave pas MTG »… mais « MTG n’entrave pas l’amitié » ! Au point qu’il suffit de lui concéder la partie et de le réinviter (une ultime fois) dans la bande, malgré tout ce qu’il a fait, pour que son petit coeur de gothique fonde et qu’il déclare forfait au tournoi…

    Bref, c’est pas non plus la profondeur psychologique du siècle, mais ça suffit pour surmonter d’un échelon le scénario-cliché-alpha, pour devenir un scénario-cliché-potable digne de certains dessins animés japonais par exemple…

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