Poule, Renard, Vipère

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Cet article a été publié il y a 15 ans. Son contenu est sans doute daté, tant sur la forme que sur le fond... Toutefois, cela n’empêche pas d'échanger à son propos. N'hésitez donc pas à vous exprimer en commentaires à la fin de l'article.

Cet article propose un petit retour sur ce jeu pour enfant beaucoup plus subtil qu’il n’y parait…

Chat perché ! Cache-cache ! Le ballon prisonnier… Autant de jeux auxquels on a tous joué dans notre enfance des heures durant. Pourtant, j’étais particulièrement amateur de l’un d’entre eux parmi tous les autres : le jeu de « Poule, renard, vipère ». Pour moi, ce jeu était infiniment plus intéressant et subtil que tous les autres. Petit retour dessus…

Pour commencer, rappelons les règles. Ce jeu se pratique à trois équipes ; plus il y a de joueurs, et mieux c’est ! La première équipe incarne les poules, la seconde constitue les renards et la troisième est composée des vipères. Pour différencier les équipes, l’idéal est d’utiliser des foulards de couleurs à glisser dans le dos au niveau de la ceinture, à la manière d’une queue. Traditionnellement, les poules sont rouges, les renards sont jaunes/oranges et les vipères sont vertes. Le principe du jeu est le suivant : les renards mangent les poules, les poules mangent les vipères et les vipères mangent les renards.

Chaque équipe dispose d’un camp. Dans son propre camp, un joueur ne peut pas être mangé. Si un joueur est mangé (si son foulard à été saisi par un joueur adverse), il est ramené dans le camp du « prédateur » et est fait prisonnier. Il ne pourra être délivré que si un membre de son équipe vient le toucher au cœur du camp ennemi. Plusieurs prisonnier peuvent créer une chaine humaine en se touchant pour faciliter leur délivrance. Le schéma ci-dessous (made in moi) résume la chose :

Le principal intérêt du jeu (et ce qui en fait toute la subtilité) tient au fait qu’il n’y a pas deux équipes, mais trois ! Dans ce contexte, chaque équipe a une proie et un prédateur différents, et est elle-même proie et prédateur.

Psychologiquement, ce jeu est très bon pour les enfants : il leur enseigne la relativité des choses. Tout n’est pas toujours simple, avec le noir d’un coté et le blanc de l’autre. Dans ce jeu, il n’y a pas une bonne équipe (« la mienne ») et une mauvaise (‘l’autre équipe »). La dualité est simple a appréhender. Le trio est beaucoup subtil. Bernard Werber fait référence à ce jeu dans son « Encyclopédie du savoir relatif et absolu ».

Par ailleurs, ce jeu enseigne l’art de la diplomatie, de la confiance et de la prise de risque. En effet, l’une des stratégie du jeu consiste en la création d’alliances entre deux équipes (ou deux joueurs) pour vaincre la troisième ; cela dit, l’un reste toujours la proie de l’autre malgré l’alliance, avec les risques que cela entraine…

Enfin, de part son fonctionnement en trois équipes, « Poule, renard, vipère » est un jeu plein de paradoxes. En effet, plus une équipe gagne et plus l’équipe de ses proies est en faible nombre. Cela signifie donc que les proie de ces proies (la troisième équipe) n’a plus que très peu de prédateurs et devient alors dangeureuse pour la première équipe. Un équilibre se crée. En gros, « plus je gagne, plus je perd« . Un autre paradoxe apparait au niveau des prisonniers : plus ils sont nombreux et plus la chaine humaine qu’ils peuvent constituer est grande, rendant d’autant plus facile leur libération.

Un très bon jeu à organiser, donc, la prochaine fois que vous vous retrouverez au milieu de 20 cousins…

Geek bordelais, féru de science, amoureux de technologies, mordu de SF, amateur de fantasy, épris de jeux en tous genre, adepte de réflexions diverses. Et j'aime le canard, aussi.

24 commentaires

  1. Je ne connaissais pas du tout ce jeu, mais effectivement ça doit être intéressant pour un groupe d’enfants. En plus, comme chacun des groupes joue finalement le même rôle, ça doit éviter les éventuelles disputes pour savoir qui jouent les loups et qui jouent les moutons (remplacer loup/mouton par chat/souris, ou renard/lapin suivant vos préférences).

    Tu crois qu’il y aurait moyen de faire un jeu avec 5 équipes et non pas 3, et puis d’adapter ça à un jeu de cartes ? 😉

  2. Tu ne connaissais pas le jeu ?!? J’ai toujours eu l’impression que c’était un jeu archi-classique, mais je me suis rendu compte qu’il n’était pas si connu que ça en discutant avec des collègues. Et du coup, j’ai eu envie d’en faire cet article.

    J’adorais vraiment ce jeu. C’est même mon seul bon souvenir de colonie de vacances (je hais les colonies de vacances !!!) : j’y avais joué malgré une allergie au pollen qui me faisait saigner du nez… :-S

    Pour ton jeu, on pourrait remplacer le mot "équipe" par "caste", non ? ;-D

  3. Je me souvient vaguement d’avoir joué à ce jeu chez les scouts dans la forêt de fontainbleau (forêt sableuse avec des rochers et tout, super pour jouer !) Et j’avais adoré ! En plus les "camps" étant assez éloignés les uns des autres (hors de vue), ce qui pimentait encore et permettait d’organiser de véritables expédition.

    C’était GENIAL !

    je serais toujours partant pour y rejouer !

    Pour ce qui est de faire 5 équipe, je doute que ce soit aussi bien, car par exemple les conséquences de la disparution d’une équipe seraient trop lentes à se propager jusqu’à son prédateur. A essayer, mais je pense que 3 équipe est optimal car les conséquences sont directes !

  4. Je confirme. Moi aussi, j’ai gardé une âme d’enfant, et je serais près à y rejouer sans problème ! 😀

    Concernant le commentaire de Eldermê sur les 5 équipes, elle fait en fait allusion au jeu de cartes qu’elle avait créé en prépa : le "cyclocaste". Le principe était un peu le même mais avec 5 "équipes". D’ailleurs, ayant eu une certaine influence sur les règles de ce jeu lors de sa conception, peut-être est-il inconsciemment un descendant lointain de "Poule, Renard, Vipère" ! 😉

  5. oui, au vu des commentaires précédent et connaissant Eldermê, je me doutais bien qu’il s’agissait d’un jeu de carte de sa conception ^_^

  6. @Lyr : Dans le Cyclocastes, jeu de cartes conçu en cours de français (sur le passionnant thème de la Paix (les cours, pas le jeu !)) avec Ekho, chacune des 5 castes est "plus forte" que 2 castes, et "moins forte" que les 2 autres.

  7. @ Lyr :

    Promis, j’ai pas modifié l’image !

    Et oui ! Tharkun vient d’inventer le spam manuel !!! Que d’émotions sur ce blog ! 😀

    @ Tharkun :

    *mode tentative de communication on*

    Bla goh da vluu ?

    *mode tentative de communication off*

    @ Eldermê :

    Je ne me souvenais pas de ce "détail" ! Comme quoi, on avait vachement bien bossé le concept (ce qui implique qu’on avait bossé le français de manière inversement proportionnelle)… ^_^

  8. *mode curieux on*

    Comment on invente un jeu de cartes ?
    De quelle manière est-ce qu’on définit les principes et les règles ?

    *mode curieux off* (sinon ça peut durer longtemps)

    Je ne connaissais pas Poule-renard-vipère, mais ça ressemble à Chat sucré-chat glacé (grosso modo le même principe, mais avec deux équipes seulement.
    Quand j’y repense, on faisait plein de jeux super – mais j’ai oublié les règles…

  9. Personnellement, je ne me souviens pas avoir déjà testé ce jeu… Il faut dire que je n’ai fréquenté ni les scouts, ni les colos (du moins pas avant la troisième, et c’est pas vraiment les mêmes activités), et seulement exceptionnellement les centres aérés… Or ce type de jeu est difficile à organiser "entre gosse", sans arbitre adulte, justement parce qu’il est plus subtil que des "Un, deux, trois, soleil", des "Jacques a dit", ou des "chat perché"…

    Après, je rebondis sur le commentaire (un des commentaires) de Lyr : effectivement, pour que ça devienne vraiment intéressant, il faut un grand espace, ou alors un espace encombré, de sorte qu’il soit impossible d’englober tout dans son champ de vision (tiens, au fait, on se rapproche du Paintball là – les armes à projectile en moins…)

  10. Je me souviens d’avoir joué à ce jeu.
    Mais ça s’appelait Sagamore, et c’était un peu plus complexe.
    Car effectivement il y avait 3 équipes, mais chaque équipe était constitué de plusieurs castes, chaque caste pouvant capturer un ou deux types de castes adverses…
    Ou comment organiser un énorme concept avec 60 personnes…
    On ne pouvait savoir quelle était la caste du joueur que lorsqu’on le touchait. La personne attaquée montre son métier, si l’autre personne décide de dévoiler son métier et qu’elle peut le capturer, elle capture.
    Mais ce n’est pas forcément judicieux lorsque les gens se déplacent en équipe…

    La dernière règle était que seul le détective pouvait capturer le leader du groupe. Le leader ne peut pas capturer. Le détective peut se faire capturer par tous les membres des deux équipes (exceptés les leaders).

    Qu’est ce qu’on a couru et rigolé en forêt

  11. Je ne crois pas avoir joué au jeu que tu décris, mais ça m’a rappelé autre chose de semblable…

    Lorsque j’étais scout, il y avait eu un rassemblement national de scouts à Lyon. Et un gigantesque jeu avait été organisé à cette occasion. Mais là, on a changé de dimension : on a plus quelques dizaines de gamins, mais quelques milliers !!!

    Je serais incapable de ressortir les règles, mais chaque équipe était composé d’une centaines de joueurs, et je me souviens que le principe global m’avait un peu rapellé "Poule, Renard, Vipère". J’en ai un très bon souvenir. Je me souviens aussi de courses-poursuites sur l’air de Carmina Burana ( http://www.deezer.com/track/7506... ) passé à fond à la sono… Enorme !

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