Time out

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Cet article a été publié il y a 12 ans. Son contenu est sans doute daté, tant sur la forme que sur le fond... Toutefois, cela n’empêche pas d'échanger à son propos. N'hésitez donc pas à vous exprimer en commentaires à la fin de l'article.

Voilà un film que j’avais raté au cinéma, dont j’avais entendu parler (à la foi en bien et en mal), et que j’ai fini par voir récemment.

Et comme le sujet principal en est le Temps, je ne pouvais pas ne pas en parler sur mon blog !

Et pourtant, nulle histoire de voyage dans le temps ici, mais un concept novateur et très bien trouvé. Voyez plutôt…

Le film

Dans le futur, le temps de vie à remplacé la monnaie. Chacun porte à son bras un compte à rebours qui indique le temps qu’il lui reste à vivre. Ce temps est utilisé pour payer son loyer, ses médicaments ou sa baguette de pain, raccourcissant d’autant son espérance de vie. Toutefois, comme l’argent, le temps se gagne aussi comme salaire de tout travail. Et bien sûr, comme l’argent, le temps peut-être donné, emprunté ou volé… Dans ce monde, si l’on est riche, on vit donc éternellement.

C’est dans ce monde que Will Salas est né. Enfant du ghetto, il est contraint de travailler d’arrache-pied pour survivre, ne possédant que quelques heures qu’il renouvelle et dépense au jour le jour. Mais quand un homme issu des riches quartiers lui fait don d’un siècle entier (et donc de sa vie), son existence bascule. Traqué pour un crime qu’il n’a pas commis, il va découvrir l’ensemble du monde dans lequel il vit et entreprendra une croisade contre ce système dans son entier.

Autant vous donner tout de suite mon verdict : l’univers du film est très bien trouvé. Propice à bien des scènes intéressantes, tout en autorisant une réflexion poussée de la part du spectateur. En revanche, le scénario ne vole vraiment pas haut et maintient malheureusement le film au niveau d’un film d’action à peine passable. Outre l’histoire qui ne tient que moyennement la route, les acteurs sont assez inégaux et certains scènes sont ridicules (mention spéciale à la blonde brune à forte poitrine qui court tout le long du film… en talons aiguilles).

L’univers

La mise en place du compte à rebours nous est décrite de manière détaillée. Jusqu’à 25 ans, chaque humain grandit normalement et son compte à rebours (inscrit dans ses gènes, sans plus de précisions à ce niveau) indique perpétuellement « 1 an ». Lors de sa 25ième année, le compte à rebours se lance sans préavis ; cela semble assez douloureux, un peu à la manière d’une légère crise cardiaque. A cet instant, le temps est décompté de manière normale tandis que l’humain en question cesse désormais de vieillir physiquement.

Dans ce futur 1, les personnages gardent une apparence physique de jeunes hommes et femmes (C’est d’ailleurs assez perturbant pour le spectateur…), du moins jusqu’à la fin de leur compte à rebours (celui-ci se traduisant simplement par une crise cardiaque sans recours possible). Cela permet d’ailleurs à une scène amusante et bien trouvée : un personnage présente trois magnifiques filles à Will et lui demande s’il serait capable de retrouver sa mère, sa femme et sa fille…

Comme mentionné plus haut, les plus riches peuvent vivres indéfiniment (les maladies semblent ne pas/plus exister). Toutefois, une vie aussi longue peut s’accompagner d’un « blues », où la vie perd finalement son sens. Cet aspect est abordé au début du film, notamment au travers du personnage qui donne un siècle complet à Will. Ce blues est aussi justifié par une non prise de risque de la part des plus riches. Sans maladie ni vieillissement, seul un accident peut causer la mort. Aussi, dans les quartiers les plus aisés, personne n’ose prendre le moindre risque. Pas de baignade en mer, pas d’actes inconsidérés et les armées de gardes du corps sont de rigueur… Cela est abordé par le personnage de Sylvia. Au final, la vie éternelle n’est que d’autant plus fade ; paradoxe intéressant, là encore.

Dans « Time out », on ne le répète jamais assez, le temps c’est de l’argent, au sens propre. Du coup, comme de l’argent, il est l’objet d’échanges musclés, de stockage en lieu sûr… et bien sûr de vol ! Le transfert de temps entre deux individus est assez peu approfondi : il semble suffire de se serrer mutuellement l’avant bras et de le vouloir pour transférer de son temps vers quelqu’un d’autre. Sur le même principe, deux personnes peuvent s’affronter pour voler du temps en tentant (semble-t-il) de percer les défenses mentales de l’adversaire pour accéder à son temps et le lui ravir. Bien sûr, par définition, ces combats sont à mort. Si vous n’avez pas l’âme guerrière, vous pouvez voler du temps durant le sommeil de vos victimes. Enfin, le temps peut être stocké dans des sortes de boitiers métalliques.

Dans l’univers de ce film, le monde est subdivisé en sortes de quartiers nommés Zones Temporelles. Pour les plus pauvres, il s’agit de ghettos, tandis que les quartier riches sont constitués de luxueux buildings. Là où cela devient intéressant, c’est que le temps s’écoule virtuellement différemment dans chaque Zone. Ainsi, dans les ghettos, les habitants sont perpétuellement à quelques heures de la mort : ils ne vivent pas vieux et optimisent au maximum le temps qu’ils ont. Inversement, dans les quartiers riches, certains peuvent avoir plusieurs siècles et personne n’est pressé par quoi que ce soit. La perception du temps change donc d’une Zone à l’autre…

L’ordre est maintenu par des Time Keepers (Gardiens du Temps). En plus de faire office de police classique, les Gardiens ont vocation de surveiller que chaque zone reste plus ou moins étanche en terme de transferts de temps. En gros, le temps des habitants des ghettos est « vampirisés » par les Zones les plus riches, et le flux ne doit pas être inversé, sous peine d’écroulement du système. Cela n’est malheureusement pas plus plus approfondis que ça dans le film, et c’est bien dommage (quoi que sans doute un peu bancal). La critiques du capitalisme (sans pour autant diaboliser les Gardiens) n’est pas des plus subtile sous cet aspect du monde de Time Out.

De très bonnes idées, donc, dans ce film. On regrettera trois choses :

  • Que le scénario ne soit vraiment pas plus subtil que ça ;
  • Que le monde ne soit pas un peu plus approfondi (fonctionnement de l’économie mondiale, transfert de temps, combats pour du temps, etc.) ;
  • Que certaines pistes aient été amorcées sans plus d’informations (l’ami Borel, le père de Will, etc.).

Une curiosité à voir quand même, au moins pour son originalité !

  1. Bien qu’étant présenté comme se déroulant dans le futur, j’imagine plutôt le film se passer dans un univers alternatif, tant il est improbable que l’humanité évolue vers un tel système (non pas sur le principe, mais sur l’application concrète de comptes à rebours génétiques).[]

Geek bordelais, féru de science, amoureux de technologies, mordu de SF, amateur de fantasy, épris de jeux en tous genre, adepte de réflexions diverses. Et j'aime le canard, aussi.

10 commentaires

  1. Ce que je pense de ce film : une idée géniale, une réalisation très belle, un super début, et une retombée en soufflé raté… Le début présage du meilleurs, et d’un coup, une fois dans les quartiers riches, grosse panne d’inspiration, et on termine sur un simple film de course poursuite… très décevant, en regard des espérances du début du film…

  2. Bon, ben il semble que tous le monde ici soit du même avis – moi y compris. Très bonne idée de départ, mais exploitation lamentable. Comme quoi, l’idée de génie ne suffit pas à en faire une bonne histoire…

  3. C’est un univers qui mériterait un développement en série – ou d’autres films, les bonnes idées n’étant pas suffisamment exploitées.

    Ekho : Je te signale un anime au passage Steins/Gate. Je sais que ce n’est pas ta tasse de thé, mais c’est une série déjantée sur les voyages dans le temps qui vaut le coup d’être vue.

  4. @ Didine : même si c’était adressé à Ekho, je me permets de te piquer ta suggestion d’anime : faut bien que je trouve quelque chose à me mettre sous la dent maintenant que le pas inintéressant Shinsekai Yori vient de s’achever… [Car oui, comme Ekho j’ai toujours eu un certain manque d’attirance mais je me mets timidement mais sûrement aux anime, du moins à certains animes, tant je trouve que leurs formes narratives sont souvent moins convenues – et donc plus originales – que les fictions occidentales]

    Tant qu’on est dans les conseils de choses à voir, au risque de passer hors-sujet : si ce n’est fait, courez voir « Cloud Atlas ». Je sais que les avis sont partagés, mais moi j’ai été séduit : un grand moment de cinéma, peut-être pas très remue-meninge sur le long terme, mais assez jouissif visuellement et narrativement (plein de renvois et de clins d’oeil internes) sur le coup… Bon, ça parle pas de voyage dans le temps, certes, mais c’est axé sur une certaine conception du temps quand même (à rapprocher sans doute d’une cosmogonie de type hindo-bouddhiste).

  5. @ Ekho:
    Difficile de résumer sans trop en dire, mais en gros : c’est l’histoire de deux grands ados qui jouent au savants fous… et construisent une machine qui fonctionne vraiment. En branchant un téléphone sur un micro-ondes. C’est gentiment barré. Si tu essayes : le premier épisode est très bizarre, c’est normal, il prend tout son sens par la suite.

    @ DarkPara:
    Shinsekai Yori ? tu peux nous en dire plus ?

  6. @ Didine:
    Euh… Je citais Shin Sekai Yori (From the New World en version occidentale) simplement parce que c’est l’anime que je regardait ces dernières semaines et qu’il vient de se terminer, mais sinon dans le thème rien à voir. C’est plutôt fantastique que SF, les héros ayant le pouvoir psychique de modifier la matière, même si c’est placé dans un futur lointain. Après c’est difficile de commencer à en parler sans révéler l’intrigue, parce que justement, toutes les « règles » de ce monde (et ses vices) se dévoilent progressivement, dans la mesure où on suit des héros qui commencent enfants et donc ne comprennent rien, mais s’approprient petit-à-petit leur monde au fur et à mesure qu’ils grandissent. Outre le côté « on y comprend rien » des deux trois premiers épisodes, ce qui est intéressant du point de vue formel c’est justement cette évolution : les épisodes sont répartis entre plusieurs arcs avec, à chaque fois, une grosse ellipse de temps entre les arcs, et les enfants du début deviennent ados puis adultes sur une seule saison (25 épisodes en tout). Et en fait je commence déjà à en dire trop donc je m’arrête là.

  7. DarkPara a écrit:

    Tant qu’on est dans les conseils de choses à voir, au risque de passer hors-sujet : si ce n’est fait, courez voir « Cloud Atlas ». Je sais que les avis sont partagés, mais moi j’ai été séduit : un grand moment de cinéma, peut-être pas très remue-meninge sur le long terme, mais assez jouissif visuellement et narrativement (plein de renvois et de clins d’oeil internes) sur le coup… Bon, ça parle pas de voyage dans le temps, certes, mais c’est axé sur une certaine conception du temps quand même (à rapprocher sans doute d’une cosmogonie de type hindo-bouddhiste).

    Mon cher Dark Para… Je ne sais pas si tu verras un jour ce message, mais sache que ce commentaire a résonné dans ma mémoire pendant près de 7 ans, et j’ai fini par voir « Cloud Atlas » hier soir ! Et bien j’ai beaucoup aimé ! C’est assez décousu, mais plus qu’une histoire, c’est plutôt une sorte d’expérience cinématographique que l’on suit avec plaisir, et sans temps mort malgré les presque 3h du métrage ! Signé par les Wachowski (Matrix) et porté par une belle brochette d’acteurs (Tom Hanks et Halle Berry en tête), on en ressort au moins dépaysé, sinon carrément transporté.

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